Notre dernière lettre de nouvelles ! Retour à froid sur le voyage, et où nous en sommes maintenant !
Fwd: Terre-Mer-Air : (Dernière!) Lettre de nouvelles #9
Retour (et fin!) du projet
Terre-Mer-Air
Bonjour à tous et à
toutes !
Mais dites-moi, en voilà un p’tit moment
qu’on a pas donné de nouvelles !
Après le dernier mail du confinement, (qui
date d’Avril!) il faut dire que nos
chemins se sont séparés, rejoins, chacun
naviguant dans cette période où le voyage
tel qu’il avait démarré n’était plus
possible.
Et puis il faut dire
aussi, que ce voyage a laisser la place à
plein d’émotions diverses, des rires et
des larmes, et qu’il n’a été simple pour
personne de reprendre la plume ou le
clavier, pour envoyer quelques brèves !
Un petit goût de pas fini, et surtout
l’envie de continuer et conclure
proprement le « premier voyage de
Terre-Mer-Air » nous habitait.
Petit
historique post-confifi
Le confifi c’est comme
des confetis, mais sans la musique et avec
des gens déguisé seulement avec le
policier, c’est tout de suite moins rigolo
de dancer le YMCA.
Après le déconfinement en Mai, (enfin
juste avant, mais chuuut), Jo et Vic se
sont séparés et quitté Saillans, Victor
dans le sens de la Bretagne pour une
traversée rapide en vélo, Josselin dans la
direction de Grenoble.
Puis en Aout, l’équipe s’est (enfin!)
retrouvée au complet pour quelques
semaines à Saillans, avant de se retrouver
avec pas mal de copains Grenoblois dans
une cabane pour partager nos envies entre
nous, faire le point en quelques sortes,
des envies de chacun… Puis partager les
idées d’un outil collectif, une ferme, des
moyens de s’autonomiser collectivement..
Josselin est ensuite
remonté en Bretagne en passant par des
lieux qui lui tenait à coeur de rencontrer
! (La trace violette sur la
carte !).
Puis on s’est retrouvé
tout les 3 au nouvel an, on garde le
contact, on évolue, et p’têtre même qu’on
prépare des nouveaux plans…
Et
maintenant, kékonfé ?
Josselin
– RETOUR À LA RÉALITÉ
Côté joueur violet, on
touche un truc… Ayé ! je suis devenu
adulte, et j’arrête de grandir le temps
d’une trêve. Je sais aujourd’hui vers quel
horizon j’ai envie d’aller, celui qui me
fait vibrer et dont je connais maintenant
la chaleur. Je sais que ce mode de vie,
absurde à mes yeux, n’est pas une
fatalité, qu’il y a des choix.
Je fais celui de la temporisation. Après
un atterrissage délicat où j’ai laissé
quelques plumes que le voyage m’avait
offert, je me suis installé dans une
caravane à St-Malo pour prêter main forte
dans l’entreprise familiale.
Ça fait 4 mois.
Ce n’est rien quatre
mois, on en a fait dix à dos de
bicyclette, j’en ai déjà fait 276 avant
dans ce même environnement…
C’est juste pour prendre
du recul, ou plutôt me rassurer que je
suis capable de vivre dans ce monde urbain
en étant intègre, que j’ai toujours le
filet du « Si ça foire, je signe un
contrat pour 1 an et ça repart ! ».
En attendant je surf comme je peux, la
larme sur la joue en repensant aux
rencontres de ce voyage, profondément
reconnaissant pour tout ce que j’ai reçu.
Merci, merci, et encore merci.
Des bisous 🍊
Maxime
– Mail de fin TMR
Ce
voyage, c’est d’innombrable partie de
Catane, des milliers de kilomètres à vélo,
des rencontres de folie, des douches
froides, une conférence, de la bière, de
la fourme d’ambert, le Rio Grande, des
moutons, des Ker-terre, un sanglier, une
fresque du climat avortée, un trou de
tram, des plénières pour choisir où est ce
qu’on met ce F…ING coin cocooning, et
surtout, SURTOUT deux coéquipiers en or
massif wallah c’est du 24 carats minimum.
Un Ker Carlo époustouflant et franchement
sexy dans son collant hivernal et un Ker
Lapel qui te fait la trace à fond de balle
en bord de Loire sans broncher le vélo
chargé à bloc. C’est des furtifs ces
deux-là, assurément !
L’aventure
Terre-Mer-Air a duré pour ma part
d’octobre 2019 à mars 2020 soit environ 5
mois. A regarder aujourd’hui, je me dis
que 5 mois, ce n’est pas long, ça passe
vite et pourtant. J’ai l’impression qu’ils
ont duré 2 ans. Nous avons rencontré
tellement de personnes différentes,
d’idées nouvelles, parcouru des milliers
de kilomètres, vécu des moments
inoubliables, c’était d’une intensité
telle qu’inimaginable pour moi avant le
voyage. C’était la vie telle qu’elle
mérite d’être vécue. Aller vers
l’incertain et l’inconnu, vivre, c’est
rudement excitant,
« C’est
être capable de bondir, de s’arracher
sans cesse à soi-même pour créer,
s’accroitre, devenir autre, et autre
qu’autre sans cesse. Sentir le neuf, un
monde qui sente la bombe crue et le
vertige de vivre. »
Passage
tiré de La zone du dehors, Alain
Damasio. J’ai le sentiment que
c’est ce qu’on a fait en partant à vélo,
vivre la vraie vie. Et pour ça, je ne
remercierai jamais assez toutes les
personnes qui ont croisé notre chemin,
nous ont offert l’hospitalité, une
discussion, qui nous ont permis de croire
et de vivre ce monde viable et enviable.
Je ressors grandi et changé de ce voyage.
Et ce
monde-là, j’ai envie de continuer à le
vivre du plus puissant que je peux !
J’enseigne
la mécanique en BTS Assistant Technique
d’Ingénieur depuis Octobre dans un lycée
grenoblois en contractuel. C’est pour moi
un bon compromis entre un boulot bien
accepté socialement, qui a du sens et qui
me laisse suffisamment de temps libre pour
pouvoir m’investir dans quelques
associations et filer un coup de main de
temps en temps à un maraîcher à Meylan.
Mais j’ai comme l’impression qu’il me
manque quelque chose, je me retrouve
aujourd’hui un peu perdu et déboussolé.
J’ai du mal à savoir dans quoi investir
mon énergie. Prendre un taf d’ingénieur
dans une entreprise qui a du sens (ce qui
n’est pas simple et ça demande des
compromis ce qui rend les choses encore
moins simples), continuer l’enseignement,
partir voyager à vélo à travers l’Europe
avec So ou quitter la ville pour créer un
lieu collectif de production vivrière.
J’ai quand même ma petite idée sur ce qui
me ferait vibrer là maintenant aujourd’hui
mais que ce soit le voyage ou la
paysannerie, ça demande de sortir de sa
zone de confort puissance 1000, de tenter
un truc quoi ! Et puis de s’entourer des
personnes qui rendent le truc cohérent,
qui te font kiffer chaque instant, de
trouver la destination, ou le lieu adéquat
au projet. Mais tout ça, ça fout grave le
vertige. Qu’est ce que je sais faire de
mes mains ? Est-ce que j’ai les
compétences pour mener ce genre de projet
? Je ne sais fondamentalement pas
grand-chose de tout ça.
Comment
je verrais cette (re)volte ? Un lieu
où on invente le monde de demain, où on
fait voir à tous que ça marche, que le
collectif, travailler ensemble, c’est
possible et même enviable, un lieu qui ne
serait qu’un point d’un réseau maillé
serré à l’échelle d’un territoire, qu’une
pièce d’un puzzle finalement. Un endroit
où l’expérimentation énergétique serait de
mise, pour remettre en cause et rediscuter
sans cesse de nos modes de vies, fabriquer
son propre gaz, gérer les ressources
locales, prendre soin de biens communs
comme l’eau, l’air, la terre, la
biodiversité. Un lieu qui serait
producteur et pas dépendant des transports
routiers pour subvenir à ces besoins
alimentaires. Un lieu qui expérimenterait
de nouvelles formes de politiques,
d’éducation, ouvert au monde et aux
autres.
Ça
paraît beau sur le papier, dis comme ça,
utopiste, mais j’avais envie de parler de
tout ce qui passe dans ma tête, sans
forcément trier ce qui est cohérent et
possible du contraire. Et à 24 ans,
qu’est-ce qu’on a à perdre à tenter,
essayer ? Oh mince, je ne prendrais pas ma
retraite à 40 ans, les boules.
Je
n’ai pas assez pris le temps de vous
rappeler pour prendre des nouvelles de
vous tous, ceux qui nous ont accueilli,
soutenu par vos messages, vos remarques,
mais je tenais à vous remercier du fond du
cœur ! J’espère et je sais que nos routes
se croiseront un jour ou l’autre.
Victor
– Fin et Suite
Le voyage s’est un
peu terminé pour moi complétement
lors du vol de mon fidèle destrier,
encore nostalgiquement rêvé…
Après déjà
un retour à chaud, voilà qu’un
petit moment est passé et, à froid,
d’autres choses me viennent.
J’ai pris conscience après ce voyage
de l’importance que j’avais apportée
à noter bien souvent que
l’initiative avait commencé « par
moi« , que j’avais commencé et
envisagé de le faire seul, etc…
Ah! Quel besoin de reconnaissance !
Mais aujourd’hui à l’aune de
nouveaux projets, le même schéma.
Oui, certes, je commence souvent par
pousser une idée. Mais elle irait
bien vite s’écraser dans le mur de
la peur, de l’uniformité, sans de
fidèles potos des familles (des
camarades très soudés que j’aime
beaucoup, en plus soutenu 😉 )!
Je leur dois bien des grands mercis,
et peut-être quelques excuses de
l’agacement que peut provoquer mes
petites crises d’égo.
Donc déjà, ce voyage, un beau moment
d’introspection.
Pis un putain de moyen de faire
du lien, entre nous déjà,
je ne connais personne avec qui j’ai
pu avoir une richesse et une
profondeur de relations, et puis
évidemment avec vous, avec tous ces
gens rencontrés, qui ont pétri la
miche de ce qui me construit.
Aujourd’hui, je continue à faire
vivre pour moi (et j’espère pour
d’autres) la notion de bien
commun, à Crest, dans la
Drôme.
J’ai pour objectif de devenir paysan
d’ici 1-2-3 ans, en
rejoignant/créant/reprenant une
ferme, je ne sais encore où, ni
précisément sur quelle activité.
Donc pour le moment : faire du
réseau et me former, et découvrir.
Je suis en stage à Terre
de Liens, à
mi-temps. Terre de Liens est une
structure qui défend la terre,
notamment agricole, comme un bien
commun. Elle achète via de l’épargne
solidaire (donc nous, vous, toi…)
des terrains agricoles sans jamais
les revendre, pour y installer des
paysans pour lesquels l’accès à la
terre est de plus en plus ardue. Ma
mission consiste à rencontrer les
fermiers et fermières pour faire un
état des lieux de leur usage du
foncier (combien de terrains en plus
que ceux de Terre de Liens, avec
quel usage, avec quel type de
bail…) et de sonder avec eux leur
perception de leur fin de carrière,
dans la mesure où il sont
locataires, voir quelles sont leurs
stratégies de retraite, leur
attachement au lieu, etc…
Mais qui dit stage, dit étudiant,
donc back to the fifties
comme on dit, me voilà sur les bancs
d’un lycée agricole pour suivre un
Bac Pro Conduite et Gestion des
Exploitations Agricoles, ce
qui me procurera une capacité
agricole, élément important
dans l’installation (aides, statut,
accès à la terre…).
Comme une différence d’atmosphère
d’ambiance que vous pouvez imaginer
entre une classe de Terminale 17-18
ans et le milieu social d’une
association comme Terre de Liens !
Exonéré des matières générales
(maths, français, etc…), ça me
laisse un peu de temps pour faire un
2ème stage dans une ferme de
polyculture-élevage (maraîchage,
céréales et foin et moutons) à 2km
de Crest. Le pied pour moi,
je garde mon cher équilibre entre
être dehors dans la pratique et
réfléchir à des sujets plus larges.
Pour finir, encore un
énorme merci à tous ceux
qui ont contribué à faire de ce
voyage un truc de malade…En
attendant mon prochain destrier qui
saura accueillir mes
fesses pour qu’on revienne vous voir
!!
Et vous ? Qu’es-ce que
vous devenez ? On a hâte de lire de vos
nouvelles !
On espère se revoir bientôt et faire une
énorme fête avec de la bière et des
sourires non de diou ! Des énormes bisous
à vous tous !