Paris Mai, et le monde ?

Un jeu de chiffres pour imager la pastille verte sur la plaquette d’un livret d’épargne.

Des données comme on les aime : en demi-dizaine

Nous sommes parti d’une idée. Celle qu’il n’existe pas de justification à ce qu’une personne ai droit à moins de ressources qu’une autre. Ni entre celles·ceux qui vivent aujourd’hui. Ni avec celles·ceux qui vivront demain.

« Le monde va changer de base » et faire des maths moles

Nous avons essayé de calculer ce que serait le salaire maximum que l’on pourrait donner à chacun pour ne pas consommer plus que ce que la planète peut produire dans notre économie actuelle.

Partons du principe que nous souhaitons que l’accès aux ressources soit égalitaire. Nous prenons la production de richesses mondiale annuelle pour la rapporter à chaque individu, puis nous en enlevons ce qui surpasse la bio-capacité de notre planète (le fameu « 0,75 » qui dépasse du 1,75 planète consommée) :

  • PIB / humain = 85 910 ÷ 7,674 = 11 195 USD/an
  • PIB éthique / humain = 11 195 ÷ 1,75 = 6 397 USD/an

Nous avons maintenant un image de ce que chaque individu « pourrait produire durablement » avec les valeurs du marché actuel. Il ne reste qu’à regarder quelle proportion de cette richesse crée est utilisée pour rémunérer la personne qui l’a produite, soit la part brut des salaires dans le PIB ; le reste étant lié au coût des structures de production :

  • Rémunération brut français éthique / humain = 6 397 * 71 % = 4 542 USD/an
  • Ramené en euro brut / mois : 4 542 ÷ 1,1 ÷ 12 = 344 € maximum/mois/humain

344 €/mois : c’est le maximum dont chacun devrait se contenter pour vivre sans consommer plus que ce que la planète peut produire et sans le faire au dépend d’un autre. *Pour tout flou restant sur la démarche, n’hésitez pas à aller voir les hypothèses faites en fin d’article.

Et maintenant que nous avons un chiffre, simple et unique, que nous pouvons le mettre tout entier à la poubelle si l’une des hypothèses de calcul ne nous convient pas, ou le garder tout entier s’il nous conforte dans nos idées, gardons du recul sur cette somme :

  • Devrions nous, humains, viser la consommation totale de ce que produit l’écosystème terrestre ?
  • Pouvons-nous techniquement exploiter tout ce que produit cet écosystème ?
  • N’ayant pas tous les mêmes besoins en fonction de notre age, de notre mode de vie, ne serait-il pas justifié que certains ai plus que d’autres ?
  • Le PIB est-il un indicateur approprié pour mesurer nos besoins, ce que nous produisons, ce que nous consommons ?
  • Le coût de la transition sociétale au long terme devrait-il faire parti du calcul ? recréation d’outils manuels et sociétaux, gestion des déchets contemporains, gestion du nucléaire…
  • En amputant toujours plus durablement la biosphère qui nous permet de répondre à nos besoins, quel sera le niveau de régénération de la planète en 2050 et comment l’anticiper ?

ces banques qui s’engagent pour l’avenir et qui ne financent (presque) plus les énergies fossiles et ces gâteaux industriels qui font du bien à la planète).
La réalité c’est celle de notre société qui va se réinventer, et aura besoin de plus qu’interdire « certains » plastiques à usage unique pour ne plus détruire. C’est celle de nos mode de vie qui vont s’adapter, et auront besoin de plus que des étiquettes « ce lait rémunère au juste prix son producteur » pour ne plus dépendre de l’exploitation humaine. C’est un mode de vie qui s’essoufle et qui nous rend

Un remerciement particulier à Philippe Brochet que nous avons croisé à Tournus en décembre et qui nous a offert, entre autres, cette réflexion ! <3

Les hypothèses utilisées pour ce calcul :

  1. L’Éthique qualifie un fonctionnement ou une action qui, si elle ne tend pas à être bénéfique pour chaque individu, ne défavorise personne.
  2. Le PIB représente les richesses qui sont produites par une population en une année et est donc directement lié à ce qui est consommé énergétiquement et matériellement pour cette production. Nous l’utilisons comme référence chiffrée de ce que chaque humain produit d’un côté et consomme de l’autre pour le comparer à ce qui est renouvellé sur terre. Son unité reste relative et n’a aucun sens si elle n’est pas prise dans le contexte du marché libéral actuel.
  3. Le jour du dépassement part du principe qu’il est une quantité de choses qui sont régénérées sur terre chaque année et que cette quantité est directement comparables avec ce que la population mondiale consomme.
  4. La part salariale représente la part qui est utilisée pour rémunérer l’humain dans la production de richesses, le reste étant dédié à la rémunération des infrastructures de production (usures matérielles pures et rémunérations des capitaux).

Ce chiffre demande mille nuances pour décrire une réalité mondiale qui n’existe pas et ne pourrait pas exister dans la société actuelle. Tout commentaires, critiques, nuances de ce raisonnement sont bien sur les bienvenus !


Des retours : merci !

Luc :

Le chiffre (344 € maximum/mois/humain) représente une valeur numéraire en euro basé sur un PIB mondiale généralisé. Entendre par là un PIB qui ne distingue pas la valeur générée par 1$ au Soudan de là de valeur généré par 1$ au Etats unis d’Amérique.
Pour préciser le calcul aux différents « niveau de vie » locaux, il faut le décliner dans chaque pays suivant le gradient de pouvoir apporté par l’unité monétaire (ici 1$).
Si 1$ permet à un Indien (d’inde) de subvenir à ses besoins fondamentaux pendant XJours alors ce même dollar permettra à un Etatsunien d’Amérique de subvenir à ses besoins fondamentaux pendant YHeures, (voir YMinutes …).
Il serait donc bon de pondérer ce chiffre par le ratio de « cout de la vie » existant entre les différentes zones du globe. Il existe un indice des niveaux de prix permettant de mesurer le cout monétaire d’une valeur fondamentale généré dans différent pays.
Par exemple à l’échelle de l’OCDE la moyenne est fixée à 100 points. L’indice de l’inde se situe à 30 points là ou celui des Etat unis d’Amérique se situe à 115 points.
Un Indien aura donc 3.8 fois plus de pouvoir d’achat avec 1$ qu’un Etatusien d’Amérique.

Sources :
https://data.oecd.org/fr/price/indices-des-niveaux-de-prix.htm https://appsso.eurostat.ec.europa.eu/nui/submitViewTableAction.do

« N’y a-t-il pas un biais à utiliser une rémunération unique quand le coût de la vie varie d’une région à l’autre du monde ? Comment peut-on mettre ce chiffre en face de nos besoins quand le rapport marchand (le prix que l’on fixe en fonction de l’offre et de la demande) n’est pas comparable avec celui d’une sobriété nécessaire ? (une cuisinière à bois, un livre, une paire de bottes, n’auront pas la même valeur dans un monde avec ou sans pétrole, avec et sans exploitation de l’humain) »

Josselin

Pour retrouver un chiffre arrangé au coût de la vie français à partir du précédent calcul, il nous faudrait un indicateur du coût moyen de la vie dans le monde, à partir du coût de la vie par région/pays pondéré par son nombre d’habitants, et le rapporter à celui de la France ou de votre viller/région de France. Les indicateurs existants n’étant pas disponibles pour tous les pays ou n’ayant pas de moyenne basée sur le nombre d’habitants, nous pouvons esquiver ce manque et repartir des données françaises uniquement. Nous regarderons ensuite quel est l’impact de ce changement de repère.

Et belote. Des données :

Et rebelote. Des maths moles :

  • PIB / français = 2 353,1 ÷ 0,066978 = 35 132 €/an
  • PIB éthique / français = 35 132 ÷ 2,9 = 12 115 €/an
  • Rémunération brut éthique / français = 12 115 * 71 % ÷ 12 = 8 601 ÷ 12 = 716 € maximum/mois/français

– Ouhaaou !! mais comment té t’est ce que ce fesses qu’on est 2 fois plus d’oseille Jamy ?
– Et bien c’est très simple Fred : on est les meilleurs.

Nous avons maintenant un chiffre adapté au coût de la vie pour notre pays. Le coût de la vie étant également hétérogène entre les régions et les villes de France, nous pourrions continuer cette démarche et effectuer un nouveau détail pour ramener notre résultat à chaque type de territoire français.

Le jour du dépassement français prend en compte nos importations et leurs impactes pour calculer quel en serait le bilan si chaque humain appliquait notre mode de vie. Ce mode de vie consommant plus de ressources que celui de la moyenne mondiale, nous avons un nombre de planètes équivalent supérieur qui devrait s’équilibrer avec notre création de richesses, plus important par personne également.

Le calcul bous montre que ce n’est pas le cas et en étant sur la même base de « droit à produire et consommer » qui respecte la capacité de la biosphère nous avons le double de richesses produites apportant le double de droit à consommer dans notre expérience. La différence qui vient de notre PIB par habitant plus élevé peut être expliquée par différents éléments : un coût de la vie plus élevé en comparaison à d’autres régions du monde, une économie basée sur le service qui représentait 77 % du PIB en 2015 ou encore une indistrie nucléaire qui minimise l’impact de notre électricité.

Nous pouvons aussi dire que le fait de comparer cette somme au pouvoir d’achat qu’elle représente aujourd’hui, avec notre échelle de besoins modernes, est à relativiser dans le cas où nous devrions adopter une sobriété nécessaire : une cuisinière à bois, un livre ou une paire de bottes n’auront pas la même valeur dans un monde avec ou sans pétrole, avec ou sans exploitation de l’humain.

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